samedi 16 mai 2015

Nounours' Boys / cœur à damiers ...




Salut les Nours' !

Le 9 mai 2015, l’UBB accueillait Oyonnax à Bègles : on était tous invité à l'enterrement de Musard ! Fin d’une belle histoire ? Heures sombres et jours de gloire ? Tout cela défilait dans ma tête … Le C.A.Béglais avait su prendre la relève du grand Stade Bordelais du début du siècle dernier en jouant 4 finales pour 3 titres (à chaque fois face au Stade Toulousain), jusqu’à sa chute en Fédérale 1 au début des années 2000, puis la renaissance sous forme d'UNION … Bègles-Bordeaux  ou Bordeaux-Bègles  peu importe ! La finale de la remontée contre ALBI avait scellé les fondements de l'union pour laquelle un grand stade comme celui de Lescure paraît être de bonne taille.

Musard sera toujours Musard : une drôle de prairie ! Deux compères ont crée, au début du siècle dernier, le CAB rugby … en 1907 exactement. C'était l'époque des maillots blancs avec leur long caleçons blancs, avec bérets sur la tête et moustaches en forme de guidon de bicyclette : le rugby béglais naissait ! Musard est devenu, au fil des saisons, le cœur de la banlieue. Et malgré tous les noms des frontons, des allées ou des statues, et avec tout le respect qu'on doit à ces personnes, je ne vais pas à Delphin Loche ou à Moga … Moi, je vais à Musard ! Pour les adversaires, l'impasse … Pour les "Damiers", l'ouverture grand côté ... Musard pour mieux musarder ! Fin d’une époque, donc …

Pour la circonstance, les dirigeants ont eu l'idée de ressortir le célèbre damier du CAB … "Un maillot à damiers pour mieux jouer aux dames ! ", disait-on à l'époque, pour des fous qui avaient pris le rugby pour roi et choisi l'ovalie comme reine. Ce jour-là, j'en ai croisé beaucoup qui avaient ressorti leur vieux maillots. Pour ma part, j'ai mis sur mes épaules un vieux maillot "collector", matelassé aux épaules et qui pesait "1 tonne" les jours de pluie. Au dos, deux barres verticales noires indiquaient que je jouais ailier à l'époque … Maintenant, j'en connais qui en feront une lecture en chiffres romains et me positionneront au talonnage des vétérans des NNB. Je garde mon vieux maillot empesé à damiers bleus et blancs, sans marque ni publicité, comme une relique digne du sanctuaire du rugby de mes 20 ans ! J'ai aperçu un maillot encore plus "collector" que le mien, le damier rouge et blanc, celui qui servait à ne pas nous confondre avec les équipes qui venaient jouer à Musard en bleu ou en blanc. Car, au rugby, on sait recevoir : on change nos couleurs à la maison. En revanche, je n'ai pas revu le très rarissime damier vert et blanc … Revoilà donc Musard en bleu et blanc : les drapeaux, dans les tribunes, étaient tous à l'effigie du damier. Au moment de l'entrée des joueurs sur le terrain, j'ai eu la chair de poule tellement l'émotion était vive …

J'avais pris position au pied de la tribune Garonne, là où se positionnait la célèbre "Académie". L'Académie, cette espèce d'institution qui réunit des sages, anciens joueurs de rugby, toujours debout et installés en face de la tribune d'Honneur, et qui ont une critique avisée sur le rugby d'hier et d'aujourd'hui. Ils ne manquent pas de venir voir jouer les jeunes pousses béglaises : en règle générale, l'Académie se formait à la mi-temps du match de lever-de-rideau … Me voilà donc "Académicien", tout près de la main courante. Musard était plein de bruit : les encouragements et phrases étaient tous empreints de passion, animés par l'espoir de terminer en beauté et la peur que cela dégénère … Très vite, l'homme au sifflet fit gronder, siffler, hurler, vociférer, brailler à tue-tête et gueuler à  gorge déployée tout Musard … Les quolibets, les noms d'oiseau ou les commentaires farfelus prirent le pas sur les encouragements : vox populi avait ses maux à dire ! J'aime mieux quand les supporters chantent … Mais là, Musard n'a jamais été gaillard : pour ça, les footeux sont plus forts que nous.

J'ai une nostalgie particulière pour le Musard de la semaine : grand jardin au milieu des petits dont les tribunes sont intensément vides … Plus loin, les voitures ronflent et parfois un train se gare. Un chien dort paisiblement sur le béton chaud tandis l'autre aboie, attaché derrière le portail du chenil. Les peupliers de l'allée centrale tremblent comme des feuilles face au drapeau français et au fanion à damiers qui dominent la statue de Delphin Loche, à côté de la buvette. Plus tard, celle du "Grand" rajoutera à la solennité des lieux. Ces peupliers qui ont perdu leurs frères de Furiani, comme l'obélisque de Luxor est séparé de son frère de la place Vendôme. Situés à l'opposé, ceux-là servaient aux buteurs à l'entrainement pour viser le 3ème poteau du milieu. Pour d'autres, ils permettaient de se planquer dans le fossé pour éviter de faire des tours de stade. Ici, la banlieue béglaise prend un air de village. Le brave Francis pousse sa chariotte pleine de sacs de maillots qui ont été lavées à la piscine voisine …. Chez "Jameau", on tape le carton ou on sirote un panaché-bière ou une mignardise … Dans le club-house, était affiché un cadre serti de petits éclats, représentant un gaillard à damiers, ballon sous le bras gauche et l'autre tendu en guise de raffut … la légende fait état que le cadre était fait de morceaux de dents que les adversaires avaient perdues sur la pelouse de Musard.

Musard sera toujours Musard : une drôle de prairie !
Biz - @+
JYB/Knar - le 17.05.2015

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